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Paradoxalement à l'attitude de rétention que prescrivent naturellement les conditions de pléthore, l'individu contemporain doit, pour simplement assumer sa situation de connaissance, produire. C'est la forme que prend le caractère indirect de sa relation au savoir, et c'est la seule manière pour lui d'être éventuellement 'à la hauteur'. L'individu exemplaire de la Renaissance peut se contenter quant à lui d'être un récepteur, en particulier s'il a les moyens financiers et la portée sociale de Federico da Montefeltro. Mais il n'y a vraisemblablement pas un seul individu sur la planète à l'heure actuelle qui, d'une part ait l'équivalent de ces moyens et de cette portée ou qui, même s'il les a, puisse commander à quelque architecte l'équivalent du studiolo d'Urbino et, en ses heures de méditation ou en des moments de privilège diplomatique, y contemple ou y montre l'essentiel du savoir humain. Un tel cabinet n'est tout simplement pas pensable. Ce qui l'est, ce sont des morceaux ou des noeuds éphémères sur une nappe indéfinie et expansive de connaissances, des moments de structure que l'augmentation de ces connaissances peut défaire au profit d'autres organisations. Il s'agit d'un progrès sans limite d'où toute perfectibilité est exclue . En lieu et place, c'est l'histoire qui s'installe. |
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